Approches de la réception by Georges Molinié & Alain Viala

Approches de la réception by Georges Molinié & Alain Viala

Auteur:Georges Molinié & Alain Viala [Molinié, Georges & Viala, Alain]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Presses universitaires de France
Publié: 1993-01-02T00:00:00+00:00


DES THÉORIES A HORIZON SOCIOLOGIQUE

La question des genres et de la réception ne pouvait être tenue pour négligeable. Se sont donc développées, dès les années 1950, plus encore dans les années 1960 et 1970, des théorisations des enjeux de lecture. L’essentiel de ce courant s’est formé en Allemagne, et il n’est passé qu’ensuite en France, la traduction des ouvrages qui pouvaient en être significatifs ayant souvent attendu des années et des années (et s’étant faite parfois après une traduction en anglais). Il semble donc que la France, de tradition plus historienne à l’égard de la littérature, ait privilégié longtemps l’étude de la production littéraire, tandis que l’Allemagne, de tradition plus philologique, était plus tôt attentive aux questions de réception (cette vue globalisante étant bien précédée d’un « il semble », et ne prétendant à rien d’autre qu’à suggérer une hypothèse que quelque étude comparative des fonctionnements de l’institution critique pourrait creuser avec intérêt sans doute).

Parmi les travaux des critiques de langue allemande (Kölher, Jauss...), semblent réclamer ici une attention particulière ceux dits de l’ « Ecole de Constance », et souvent désignés du nom générique d’esthétique de la réception. On a vu plus haut, à propos de quelques propositions d’Escarpit, combien les pratiques et usages de lecture étaient de déjà longue date sous-jacents dans toute interrogation sociologique positive. Qu’un exemple permette ici de spécifier encore cette question. Il existe un article148 où Lanson met en relation la doctrine de Descartes et la conception de la « générosité » chez Corneille. Selon que Corneille avait ou non lu Descartes, son contemporain mais pas forcément son maître à penser, et en tout cas ni son familier ni son ami, et que la lecture de Descartes était ou non banale dans les milieux où évoluait Corneille, les relations entre ces deux types de textes seront diverses : Descartes pourrait être une source de Corneille, ou bien les deux pourraient avoir des sources communes, ou bien encore certains propos qui les rapprocheraient tiendraient à l’ « air du temps »... L’interprétation des œuvres et de leurs liens avec un état de culture en varierait d’autant. La critique des sources et celle de la production littéraire appellent ainsi des interrogations sur les lectures, des auteurs comme de leurs publics, et Lanson l’avait déjà entrevu149. Car, au-delà des façons de concevoir et d’imaginer les textes, il y a l’enjeu des façons de les comprendre, de les percevoir, de les ressentir, chez les lecteurs, et chez les lecteurs contemporains de leur création puis chez des lecteurs plus tardifs.

L’ « Ecole de Constance », dont les principaux représentants sont H.-R. Jauss et W. Iser, s’est particulièrement intéressée à cette problématique. H.-R. Jauss a notamment, dans un volume intitulé Esthétique de la réception (ce qui est devenu une sorte de nom de théorie), proposé le concept d’horizon d’attente : il convient d’entendre par là à peu près ce que le lecteur, en fonction de ses compétences culturelles, escompte trouver dans un texte selon le genre ou le type dont ce dernier relève150.



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